«Les effets économiques et géopolitiques tous azimuts et en cascade du baril à 50 dollars
Cela est connu, le pétrole représente un des marqueurs mondiaux les
plus importants qui influe tant la situation géopolitique que la
croissance économique, les deux étant d’ailleurs souvent imbriqués.
Alors qu’il dépassait durablement les 100 dollars américains il y a
un an, le prix du baril est actuellement inférieur à 50 dollars,
c’est-à-dire à peu près à son niveau de 2009, lorsque l’on était au cœur
de la crise financière mondiale.
Bouffée d’oxygène en Occident
Cette dégringolade, qui semble appelée à se maintenir tout au long de
2015, offre indiscutablement une formidable bouffée d’oxygène aux
économies occidentales, que l’on peut estimer à un peu plus d’un
demi-point de croissance du PIB. Plus énergivore que ne le sont les
Européens, l’Amérique enregistre naturellement le surcroît de croissance
le plus élevé qu’attestent les statistiques actuelles sur la reprise
économique outre-Atlantique. L’Europe n’est pas oubliée pour autant,
puisqu’une grande partie des faisceaux de reprise que l’on évoque
proviennent moins des effets de réformes structurelles qui se font
toujours attendre – c’est notamment le cas en France – que de cette
dynamisation bienvenue de l’activité issue de la chute des cours
pétroliers.
Pour les consommateurs, cette dernière se traduit par des effets
positifs (baisse du prix à la pompe, etc.), ce qui joue favorablement
sur les indicateurs de confiance et d’optimisme, clés en matière de
politique économique.
Déstabilisation des pays exportateurs
Bien sûr, la contrepartie de cet effet favorable pour les pays
importateurs se trouve dans les difficultés nouvelles ou accentuées des
pays qui puisent l’essentiel de leurs ressources budgétaires et en
devises dans leurs exportations pétrolières. Les cas de la Russie ou
encore de l’Iran sont bien connus et ont déjà été débattus dans ces
colonnes. Mais ils ne sont pas les seuls à souffrir de la chute de
cours.
“Plus énergivore que ne le sont les
Européens, l’Amérique enregistre naturellement le surcroît de croissance
le plus élevé qu’attestent les statistiques actuelles sur la reprise
économique outre-Atlantique”
Mêmes si moins au cœur de l’actualité mondiale, bien d’autres pays
sont aussi concernés. C’est le cas par exemple du Venezuela qui, avec un
pétrole à un peu moins de 50 dollars le baril, fait face à un déficit
budgétaire structurel devenu incontrôlable, qui se traduit, aujourd’hui,
par une inflation galopante (supérieure à 60 %), des pénuries touchant
tous les produits de base, un effondrement du bolivar et, au final, des
tensions sociales et politiques inédites poussant le pays peu à peu vers
une situation insurrectionnelle.
Guerre des milices djihadistes
Pétrole toujours, cette fois-ci au cœur de la guerre djihadiste,
puisque les combats pour la maîtrise des champs pétroliers en Syrie et
en Irak déterminent en grande partie la capacité de Daech à poursuivre
son effort de conquête au cœur du monde mésopotamien. Les combats
actuels dans le golfe de Syrte, en Libye, où se trouvent 70 % des
réserves du pays, s’interprètent aussi par la guerre ouverte que se
mènent, par milices et groupements djihado-terroristes interposés, les
deux gouvernements libyens, ceux de Tripoli et de Tobrouk. Aucun ne
voulant que l’autre ne contrôle ces réserves qui lui donneraient un
avantage sans nom dans ce combat pour la légitimité dans la Libye
post-Kadhafi.
Répit optimiste
Une note de satisfaction et une autre d’optimisme. C’est en
prétextant les prix particulièrement bas du pétrole que Barak Obama a
justifié le veto qu’il a mis fin février à la construction de ce projet
d’oléoduc gigantesque baptisé Keystone XL, devant relier États-Unis et
Canada et dont l’impact environnemental potentiel faisait question.
Optimisme aussi car peut-être l’étranglement budgétaire actuel que subit
l’Iran en raison de la chute des cours pétroliers conduira son
président réformiste à plus de conciliation dans la résolution de la
question nucléaire avec les Occidentaux. Réponse dans quelques jours…»
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