«L’absence des Occidentaux lors de la commémoration du 9 mai n’aura
fait que mieux souligner le rapprochement en cours avec l’Asie.
Il est de bon ton de parler de l’isolement de la Russie. Moscou
serait ainsi au ban de la communauté internationale en raison de son
attitude en Ukraine, du conflit qui y prévaut et dont la responsabilité
incomberait, aux yeux de ses détracteurs, à la seule Russie – l’Ukraine
étant devenu le parangon de toutes les vertus.
Le défilé du 9 mai marquant le 70e anniversaire de la victoire contre
l’Allemagne nazie atteste, cela est vrai, d’un relatif isolement. Les
dirigeants américain, britannique et français ont boycotté la
traditionnelle cérémonie militaire et le défilé sur la place Rouge. Dans
leur sillage, d’autres dirigeants se sont abstenus de faire le
déplacement à Moscou, y compris l’ami grec qui, sous la pression de ses
partenaires européens, s’est finalement décommandé. Avec au total un peu
moins de 30 chefs d’État ou de gouvernement présents au côté de
Vladimir Poutine.
Pour autant, hors monde occidental, des leaders de poids avaient fait
le déplacement, dont le président indien Pranab Mukherjee et son
homologie chinois Xi Jinping. Ce dernier, tout sourire et visiblement
heureux de se retrouver au côté du maître du Kremlin, a semble-t-il
apprécié de voir défiler quelque 16 000 soldats russes et de découvrir
aussi quelques-uns des armements russes les plus modernes, dont le tout
nouveau et déjà fameux char Armata T-14, considéré par nombre d’experts
comme le meilleur blindé de sa génération.
“Un ensemble d’accords d’envergure dans le
domaine de l’énergie, du commerce et de la finance destinés à renforcer
leur coopération économique a été signé à cette occasion”
Xi Jinping était d’autant plus radieux qu’ont défilé également sur
cette même place Rouge des détachements d’élite de l’Armée de libération
populaire qui avait accepté l’invitation à se joindre à l’armée russe,
invitation lancée aussi aux trois autres membres du conseil de sécurité
qui, eux, avaient là encore décliné.
La capacité de résilience de la Russie
L’isolement aura été d’autant plus relatif que ce 9 mai aura donné
l’occasion à la Russie et à la Chine d’afficher leur rapprochement. Un
ensemble d’accords d’envergure dans le domaine de l’énergie, du commerce
et de la finance destinés à renforcer leur coopération économique a été
signé à cette occasion. Au-delà, les dirigeants chinois et russe ont
décidé d’intégrer leurs grands projets régionaux respectifs : l’Union
économique eurasienne promue par Moscou, et la nouvelle “Route de la
Soie” que développe Pékin, avec pour objectif de créer une dynamique
bilatérale forte qui confortera le tropisme croissant de Moscou pour
l’Asie, et notamment la Chine.
Au niveau intérieur, enfin, l’absence des Occidentaux a pour effet de
souder un peu plus encore les Russes autour de leur président. Le 9 mai
est perçu comme un jour sacré où sont honorés les quelque 27 millions
de morts soviétiques (un demi-million pour la France comme pour les
États-Unis) durant la Seconde guerre mondiale. L’absence des grandes
puissances alliées n’y aura pas été vécue comme un isolement du pays,
mais au mieux comme un manque de respect pour le sacrifice subi, au pire
comme une insulte à la mémoire de ceux qui ont laissé leur vie pour
arrêter la folie sanguinaire de l’Allemagne nazie.[...]»
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