quinta-feira, 7 de maio de 2015

L'état de l'économie britannique à la veille des élections

«Croissance, chômage, productivité, déficit budgétaire, balance commerciale, endettement, fiscalité, Martin Wolf dresse ici un bilan économique en demi-teinte du gouvernement sortant.
david-cameron
Dans quel état le gouvernement de coalition sortant laisse-t-il l'économie britannique ?

Inutile de dire que ses ministres se battent à la veille des élections générales du 7 mai pour prouver qu’ils ont fait un excellent travail de sauvetage de l’économie touchée par la crise dont ils ont hérité. Il semble, pour le moment, que cet argument ne passe pas très bien, selon les sondages. Est-ce qu’il devrait le faire ? Quelques chiffres et résultats.

Commençons par le plus simple : la performance économique globale et sa mesure.

Lors du dernier trimestre 2014, au Royaume-Uni, le produit intérieur brut réel par habitant a été de 4,8 % supérieur à ce qu’il avait été au deuxième trimestre de 2010, lorsque le gouvernement de coalition est arrivé au pouvoir, et de 6,2 % au-dessus du creux de la “grande récession” au troisième trimestre de 2009. Mais il était bien le même qu’au premier trimestre de 2007 et au-dessous de son pic d’avant-crise. Au quatrième trimestre 2014, le PIB réel par habitant était de près de 16 % inférieur à ce qu’il aurait été si la tendance 1955-2007 s’était maintenue. Même la reprise n’a pas comblé cette fracture. Cela explique en grande partie le mécontentement des électeurs à propos du niveau de vie.

En outre, ce creux très profond ne peut pas être expliqué par un boom d’avant-crise. Au contraire, l’économie était proche de sa tendance à long terme en 2007. Les booms ont été beaucoup plus importants dans les années 1970, à la fin des années 1970 et à la fin des années 1980. Les données sur l’inflation racontent globalement la même histoire. L’argument que l'économie britannique était dans un état manifestement insoutenable en 2007 est en grande partie une rationalisation a posteriori. Même les prix du logement se révèlent ne pas avoir été aussi insoutenables que ça.

Ce que presque tout le monde a occulté, c’est la vulnérabilité du secteur financier britannique à une crise mondiale.

La création d’emplois a été remarquable. En février 2015, 73 % de la population entre 16 et 65 ans occupait un emploi, légèrement au-dessus du pic d’avant-crise. Le chômage global était de 5,6 % de la population active. Selon Eurostat, 27 % des travailleurs du Royaume-Uni de 15 à 74 ans occupaient un emploi à temps partiel l’année dernière. On ne sait cependant pas dans quelle mesure ce chiffre relève du sous-emploi ou du choix volontaire de travailler à temps partiel.

“Au quatrième trimestre 2014, le PIB réel par habitant était de près de 16 % inférieur à ce qu’il aurait été si la tendance 1955-2007 s’était maintenue”

Pourtant, la bonne performance de l’emploi est l’image miroir de l’effondrement de la croissance de la production par travailleur et de la production par heure : en novembre 2014, la production par heure dans l’économie a été de 1,7 % inférieure à ce qu’elle avait été en février 2008. Cette longue période de stagnation semble sans précédent depuis au moins le XIXe siècle. Récemment, le FT a révélé qu’une grande partie de l’explication réside dans les services professionnels.

À court terme, la productivité stagnante a permis à l’économie de combiner une faible croissance de la production globale à une bonne performance de l’emploi. À long terme cependant, la productivité détermine le niveau de vie. Si celle-ci stagne, il en sera de même pour le niveau de vie. Ce qui est nécessaire est alors à la fois la croissance rapide de la productivité et la croissance rapide de l’emploi. Le combustible nécessaire est une demande soutenue.

Considérons maintenant la structure de l’économie. Au quatrième trimestre de l’année dernière, la production industrielle a été de 4,9 % inférieure au pic d’avant-crise, tandis que les services ont augmenté de 8,1 %. Le déficit courant a augmenté à 5,5 % du PIB au dernier trimestre de l’année dernière. Cette hausse est attribuable à une variation importante négative du revenu net. Mais étant donné une appréciation de 21 %, mesurée par JP Morgan, du taux de change réel entre le début 2009 et mars 2015, le solde des échanges de biens et services pourrait aussi se détériorer davantage.

Tournez-vous vers les finances publiques. Initialement, le gouvernement affirmait que le principal problème était le déficit budgétaire, et non la nécessité de soutenir la reprise naissante.

George Osborne, le chancelier de l’Échiquier, a lui-même fixé l’objectif d’éliminer le déficit budgétaire structurel courant d’ici à l’exercice de cette année. En fait, le déficit courant structurel sera de 2,1 % du PIB pour cette année financière, en baisse de 3,9 % du PIB en 2010-2011, la première année d’exercice de ce gouvernement. De même, l’endettement net corrigé des variations conjoncturelles devraient être de 3,7 % du PIB cette année, contre 6,5 % en 2010-2011. ‘La morsure fiscale du gouvernement de coalition n’a pas été aussi terrible que ses aboiements’. L’argument qu’il avançait pour donner un tour de vis plus vite que les travaillistes l’avaient prévu était qu’il était nécessaire de protéger le Royaume-Uni d’une crise similaire à celle qu’ont connue des pays comme la Grèce.

Nous savons maintenant que tout cela était follement exagéré pour un pays dans la position du Royaume-Uni. Même s’il n’a pas atteint ses objectifs budgétaires, les taux d’intérêt sur la dette publique du Royaume-Uni sont restés étonnamment faibles : les bons du trésor à 30 ans et 50 ans sont à 2,4 %, alors que les rendements sur les bons indexés comparables avoisinent moins 1 %. Pourquoi tenterait-on désespérément d’éviter un prêt gratuit ? Ce sont des emprunts favorisant la croissance qui sont nécessaires.

Pour résumer, l'économie britannique a connu une reprise faible, mais cependant créatrice d’emplois. La croissance de la productivité est très mauvaise. Selon le FMI, le PIB britannique par habitant à parité de pouvoir d’achat était de 72 % des niveaux américains en 2014, derrière l’Allemagne, 84 %, et même la France, 74 %. La déclaration de M. Osborne, que le Royaume-Uni pourrait être la grande économie la plus prospère dans le monde d’ici à 2030 est un fantasme. Le risque est qu’elle se retrouve encore plus à la traîne. En outre, les déséquilibres de l’économie vont rendre toute croissance future plus difficile et moins durable. Si le déficit budgétaire est éliminé, tandis que le déficit du courant reste important, le secteur privé aurait à supporter un important déficit financier. Voilà une éventualité effrayante.[...]»

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