sexta-feira, 15 de maio de 2015

Les 50 Mds de l'AIIB | Soft power à la chinoise

«La Chine est en train de tenter quelque chose de nouveau pour renforcer son attraction. On parle de “médecine chinoise”. Vous pouvez ne pas savoir comment elle fonctionne, mais cela ne signifie pas qu’elle n’aura pas d’effets.
Zhu Guangyao
Zhu Guangyao, vice-ministre des Finances chinois, à Washington le 17 avril 2015, explique que la proposition chinoise de l’AIIB est ouverte aux États non asiatiques.

Quand il s’agit de promesses d’investissement, 46 milliards est une somme qui retient vraiment l’attention. C’est la somme que la Chine devrait injecter dans des projets pour l’énergie et les infrastructures au Pakistan, selon des plans dévoilés durant la visite, le mois dernier, du président chinois Xi Jingping à Islamabad. Les délégués présents lors de la réunion annuelle de la Banque de développement asiatique à Bakou, en Azerbaijan, cette semaine, ne parlaient de rien d’autre. La BDA, gérée historiquement par le Japon, ne peut rêver d’une telle puissance de feu. La semaine dernière, elle a prêté environ 13 milliards de dollars en Asie.

C’est facile, bien sûr, de faire de belles et grandes promesses. Les promesses de Pékin au Pakistan qui, entre autres choses, permettraient de résoudre la pénurie chronique d’électricité en doublant la capacité nationale, peuvent ne jamais voir le jour (pour le dire d’une autre manière, la lumière pourrait ne jamais s’allumer). Cependant, même si une fraction seulement des sommes dont on parle se transforme effectivement en routes, trains et centrales électriques, Pékin fera étalage de sa formidable puissance économique.

Le pari de la Chine, qui veut élargir son influence, va bien au-delà du Pakistan. Elle met sur pied la Banque d’investissement pour les infrastructures en Asie (AIIB), une concurrente de l’ADB (Asian Development Bank), avec un capital de départ d’au moins 50 milliards de dollars. Le projet “Une ceinture, une route” de Pékin, qui souhaite améliorer les liaisons routières et maritimes entre la Chine de l’Ouest et l’Europe et l’Afrique du Nord à travers l’Asie, se transforme peu à peu du rêve au béton (beaucoup de béton). Pour commencer, Pékin a puisé dans ses considérables réserves de devises pour en tirer une poignée de petite monnaie : 62 milliards de dollars.

L’attitude de la Chine, qui inonde les marchés de cash, marque une nouvelle ère de sa diplomatie. Mais appeler cela ‘soft power’ pourrait être une erreur de terminologie. Ce régime autoritaire n’exerce toujours pas en effet l’attraction qu’il aimerait avoir. Même si bien des pays où la Chine souhaite investir ne sont pas eux-mêmes des modèles de démocratie.

La définition du soft power donné par Joseph Nye, le professeur de Harvard qui a inventé l’expression, est “la capacité à obtenir ce que l’on souhaite par l’attraction et la persuasion plutôt que par la force ou l’argent”. Ces milliards de dollars ressemblent pourtant bien à de l’argent. Mais les prêts et les investissements ne sont pas des pots-de-vin. Le soft power des États-Unis, comme Hollywood et l’attraction exercée par de nobles idéaux, a été porté par des institutions telles que le FMI et la Banque mondiale, qui ont répandu la conception du capitalisme de Washington, et ouvert des marchés étrangers aux multinationales américaines.

“L’attitude de la Chine, qui inonde les marchés de cash, marque une nouvelle ère de sa diplomatie. Mais appeler cela ‘soft power’ pourrait être une erreur de terminologie. Ce régime autoritaire n’exerce toujours pas en effet l’attraction qu’il aimerait avoir”

Qu’il faille parler de soft power ou non, la Chine est en train de tenter quelque chose de nouveau. Un délégué chinois à Bakou parle de “médecine chinoise”. Vous pouvez ne pas savoir comment elle fonctionne, mais cela ne signifie pas qu’elle n’aura pas d’effets. Cette stratégie de Pékin est motivée en partie par les limites de sa diplomatie traditionnelle. La montée en puissance de l’armée chinoise et ses revendications dans des différends territoriaux ont irrité ses voisins.

Scott Kennedy et David Parker, du Centre pour les études internationales stratégiques, reconnaissent le potentiel de la nouvelle stratégie d’influence chinoise. Le programme “Une ceinture, une route”, selon eux, peut “ancrer des modèles de commerce, d’investissement et d’infrastructures sino-centriques” et renforcer l’influence diplomatique de Pékin.

Le cas de la banque AIIB n’est pas à très loin non plus du soft power. Le Royaume-Uni s’est senti obligé d’y participer, en dépit des pressions contraires de Washington. Bien entendu, Londres a pu être motivé au moins en partie par la perspective de bénéfices financiers pour les entreprises britanniques. Mais ce n’est pas l’unique raison. En tout, 57 pays s’y sont joints.

Bien entendu, il y a des risques. Lancer de grands projets dans des pays étrangers ne va pas forcément plaire. Au Sri Lanka, la présence suffocante de la Chine a été l’une des raisons de la défaite électorale spectaculaire de Mahinda Rajapaksa, le président qui avait ouvertement courtisé la Chine. Même les généraux qui dirigent le Myanmar se sont lassés de ce qu’ils voient comme un capitalisme chinois d’extraction et d’exploitation.[...]»

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