quarta-feira, 19 de novembro de 2014

Le FMI écorné pour sa gestion de la crise mondiale

Un organe d’évaluation interne au Fonds monétaire international étrille la manière dont l’institution a géré la crise depuis 2007.

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Parmi les principaux reproches : le choix des outils, le calendrier de leur mise en œuvre, ou encore des effets secondaires préoccupants.
On peut reconnaître au Fonds monétaire international (FMI) une réelle capacité d’autocritique. En septembre 2012 déjà, cette institution avait publié une note en forme de mea culpa, dans laquelle l’équipe de recherche économique reconnaissait avoir sous-estimé les effets récessifs des politiques d’austérité budgétaire, en Grèce notamment.
Deux ans plus tard, c’est l’IEO, l’organe interne d’évaluation du FMI – qui agit de manière indépendante – qui critique, dans un rapport dévoilé mardi 4 novembre à Washington, la gestion par le FMI de la crise mondiale déclenchée en 2007 outre-Atlantique.
Les remèdes du FMI – une concomitance d’austérité budgétaire et de soutien monétaire massif – ont été « loin d’être efficace dans le soutien à la reprise », et ont « contribué à la volatilité des flux de capitaux sur les marchés émergents ».

Premier reproche : le choix et le calendrier des remèdes à la crise

Selon le rapport interne, le FMI a d’abord joué un rôle crucial dans la lutte contre la crise en appelant dès 2008-2009, « au bon moment », les pays industrialisés à lancer de grands plans de relance budgétaire pour relancer l’activité. Il a largement contribué à une action concertée au plan international, ce qui avait largement fait défaut après le krach de 1929.
Le problème, déplore l’IEO, c’est que le FMI a très vite revêtu ses habits de gardien de l’orthodoxie budgétaire, en recommandant dès 2010 des cures d’austérité et en appelant les banques centrales à prendre le relais des États pour soutenir l’activité. Un appel « prématuré », qui a fini par étouffer la reprise, juge l’IEO, sans toutefois décortiquer l’impact controversé des plans d’aide du FMI en zone euro, notamment en Grèce et au Portugal.
Le soutien des banques centrales, combinant taux proches de zéro et rachats d’actifs, a été crucial après la crise mais il n’a pas pu compenser entièrement le corset budgétaire adopté par les États. « De nombreux analystes et dirigeants politiques ont soutenu que des politiques expansionnistes sur le plan monétaire et budgétaire, marchant main dans la main, auraient été plus efficaces pour stimuler la demande », assure l’IEO.

Deuxième reproche : la déstabilisation des pays émergents

Ces mesures d’injections massives de liquidités ont eu des retombées négatives, auxquelles le Fonds aurait « dû porter une plus grande attention », indique le rapport.
En effet, les interrogations chroniques sur la date d’un retour à une politique monétaire plus restrictive aux États-Unis ont alimenté en 2013 des mouvements de capitaux massifs dans de nombreux pays émergents, déstabilisant ainsi leur monnaie et leur économie.
D’après le rapport, le FMI a « sous-évalué » les risques encourus par ces pays en 2011-2012 et n’a été alarmiste qu’en septembre 2013, à un moment où ils avaient déjà subi « d’importantes phases de volatilité financière ». Une situation qui a donné du grain à moudre à ceux critiquant le tropisme pro-occidental au sein du FMI.

Troisième critique : Quid de la prochaine crise ?

Le rapport se montre circonspect sur la capacité du FMI à détecter le prochain choc financier, en raison de mécanismes devenus « trop complexes ». « La quantité d’analyses est très difficile à absorber, pour les dirigeants politiques comme pour les équipes du FMI », assure l’organe d’évaluation interne du Fonds.
Plus grave encore : en cas de nouvelle crise, les ressources du FMI pourraient s’avérer insuffisantes d’après ces experts.
Ce constat repose la question d’une réforme du FMI, dans son fonctionnement – pour faire davantage de place aux pays émergents – comme dans son financement. Une réforme proposée en 2010, et prévoyant de doubler les ressources permanentes du FMI, est actuellement dans l’impasse en raison du veto de fait des États-Unis qui ne l’ont toujours pas ratifiée.[...]»

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