sexta-feira, 10 de abril de 2015

La Grèce doit-elle sortir de l'euro ?

«Quelle que soit la réponse, la décision doit être partagée et faire l'objet d’un processus réfléchi.
grece

Depuis l’élection du gouvernement conduit par le parti Syriza en Grèce, les négociations sur sa place en Europe se déroulent très mal. Grandiloquence butée d’un côté et exaspération de l’autre. Une sortie “accidentelle” de la zone euro est devenue relativement probable. Non pas parce que la Grèce le veut, ou parce que ses partenaires le souhaitent absolument. Mais parce que la Grèce est à bout d’espoir, ses partenaires à bout de patience, et que le temps des négociations est compté. Un carrefour s’annonce en effet sur la route. Mais le choix de la direction prise doit être conscient, et non accidentel.

La menace d’une crise des liquidités fait craindre une décision précipitée. Les créanciers de la Grèce veulent que le pays applique des réformes avant de verser quelque 7,2 milliards de fonds d’aide encore non déboursés. La Grèce a besoin de cet argent pour couvrir des dépenses du budget national. De plus, le FMI attend un remboursement de 450 millions d’euros. Puisque la BCE limite les prêts des banques grecques, le gouvernement pourrait se trouver à court. Ce qui peut provoquer une panique chez les dépositaires grecs. La BCE est en mesure de la gérer mais elle pourrait s’en sentir incapable, ou ne pas vouloir le faire.

Un pays court le plus de risques de sortir de l’euro si son gouvernement ne peut pas honorer ses obligations, si ses banques ferment leurs portes, si l’économie est déprimée et la situation politique turbulente. C’est la situation dans laquelle la Grèce pourrait bientôt se retrouver. Une sortie chaotique peut alors se produire. Il est extrêmement important d’éviter un “Grec-cident”.

Il est évident depuis l’élection de ce gouvernement qu’il faudrait du temps pour savoir si un accord fructueux peut être conclu. Il faut “acheter” ce temps. En cherchant un accord, il serait aussi sage de mettre tout moralisme destructeur de côté. Le camp des créanciers considère qu’il est exceptionnellement généreux avec des Grecs dépensiers. Les Grecs pensent que les créditeurs privés ont été derrière les prêts irresponsables, que le “sauvetage” n’était pas celui de la Grèce mais de ces prêteurs inconscients. Par-dessus tout, les Grecs ont assez souffert. Les deux arguments ont leurs mérites. Mais rien de bon ne peut arriver si l’on se jette des accusations à la tête.

“Une sortie “accidentelle” de la zone euro est devenue relativement probable. Non pas parce que la Grèce le veut, ou parce que ses partenaires le souhaitent absolument. Mais parce que la Grèce est à bout d’espoir, ses partenaires à bout de patience, et que le temps des négociations est compté”

Supposons que l’accident sera évité. Alors la zone euro est face à un grand choix, et un plus petit. Le grand choix est celui de garder la Grèce dans la zone euro ou de l’aider à en sortir. Le plus petit choix est celui entre différentes alternatives pour la garder. Garder la Grèce laisse ouverte l’option de la sortie, alors que la sortie est probablement irréversible.

Quels sont les arguments en faveur de la sortie ? L’une est que le coût de la contagion à d’autres membres de l’UE est beaucoup moins élevé qu’autrefois, comme l’écart du rendement des obligations d’État le montre. Une autre raison est que la Grèce a été incapable de réformer. Et une autre encore est que la Grèce n’est toujours pas compétitive à l’international, ses exportations sont atones. La balance extérieure a été atteinte au prix d’un chômage de masse, un énorme “déséquilibre intérieur”.

Argument contre : la sortie de l’euro transformerait la zone euro d’une union à monnaie irrévocable à un système de taux de change compliqué. Ce serait le pire des deux mondes : ni crédible comme union, ni flexible comme le sont les taux flottants. De plus, la sortie de l’euro, surtout si elle se fait sans assistance, pourrait entraîner des conséquences économiques et géopolitiques graves.

La Grèce peut plonger dans un abysse économique. Abandonnée par l’Europe, elle pourrait se tourner vers des pouvoirs hostiles. Ce serait un désastre stratégique. Enfin, la Grèce a déjà connu les souffrances de l’austérité. À partir de maintenant, il faut que les choses aillent mieux, à condition que la situation politique s’améliore.

Tenter de garder la Grèce à l’intérieur de la zone euro semble le meilleur choix. Je peux identifier deux options.

“La zone euro est face à un grand choix, et un plus petit. Le grand choix est celui de garder la Grèce dans la zone euro ou de l’aider à en sortir. Le plus petit choix est celui entre différentes alternatives pour la garder”

La première serait un nouveau plan de sauvetage, qui promette un allégement des dettes de la Grèce après la mise en place des réformes. La seconde option serait de mettre un terme à la politique du “prolonger et prétendre”. En lieu et place, les obligations au titre du service de la dette seraient réduites à des niveaux supportables. Mais il n’y aurait plus d’assistance. Le gouvernement grec garderait l’euro, mais pourrait devoir imposer des contrôles sur l’utilisation de la devise. À court terme, le gouvernement pourrait aussi complémenter l’euro avec des reconnaissances de dettes qui serviraient à honorer les obligations de l’État grec. Il aurait alors avec l’euro une devise parallèle, temporairement ou de façon semi-permanente.

L’autre grande option est que la zone euro reconnaisse que la Grèce ne peut plus fonctionner avec l’euro. L’argument le plus fort serait que l’économie grecque est incapable d’être compétitive dans la zone euro. La Grèce ne tomberait pas hors de l’euro, elle serait alors aidée.

Une fois de plus, il faudrait inclure des réductions permanentes du remboursement de la dette. Les contrôles sur les retraits dans les banques seraient là encore nécessaires. De plus, la Grèce aura besoin d’emprunter pour empêcher un dépassement de la valeur de la nouvelle monnaie. La Grèce resterait bien sûr dans l’Union européenne. Une possibilité pourrait même être laissée ouverte pour qu’elle revienne dans l’euro dans un lointain futur.

Aucune de ces options n’est sans risques. Toutes vont créer des problèmes épineux. Mais il faut garder à l’esprit deux points fondamentaux. Le premier est que la décision doit être réfléchie, et non le résultat du manque de temps. La deuxième est que le choix va être stratégique, que ce soit pour la zone euro ou la Grèce.[...]»

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